Je suis né ici-même, à Los Angeles, y a 28 ans. Pas à Venice Beach, mon père préférait le quartier d'Hollywood. Ça fait mieux vis-à-vis de la famille qui est restée à Chicago. Je ne me suis jamais entendu avec lui, un sombre connard. Il bosse dans les finances et il en a pompé des queues pour arriver là où il en est aujourd'hui. Je dois avouer que je n'ai plus trop de nouvelles. Par contre, j'en ai de ma mère, Olivia et de mes deux petites sœurs, Jilly et Sally. Elles sont jumelles, de vraies jumelles. Un seul grain de beauté les sépare. Elles ont 24 ans, elles étudient encore. Moi ? J'ai quitté les cours très tôt, je devais avoir 20 ans à l'époque. Très tôt aussi, mon père a coupé les ponts avec moi en me foutant dehors. Je crois qu'il n'a pas trop apprécié que je cache de la came sous son lit. Bref, vous l'aurez deviné, je suis ce qu'on peut appeler, un casseur de couilles. J'ai eu une bonne éducation pourtant, j'ai squatté les bancs des meilleurs lycées mais rien n'y faisait. Turbulent, médisant, quelques fois méchant, je n'ai pas changé. Je n'aime pas l'autorité, je lui préfère la liberté. La liberté de faire ce que je veux, quand je veux et comme je le veux.

C'est en quittant le cocon familial que j'ai commencé à mal tourner. Venice Beach, on ne peut pas dire que ce soit le quartier de rêve pour un jeune américain favorisé. Pour moi, ça l'était. J'ai toujours été très adroit avec un guidon ou un volant entre les mains. Après avoir fait mes preuves, j'ai vite été repéré par un cartel. Ils avaient besoin d'un mec comme moi pour convoyer de la came. De la drogue, des armes, des billets. J'ai touché un peu à tout, même à des animaux protégés par la convention de Washington. Il suffit de me donner une bonne cylindrée. J'ai une petite préférence pour les motos mais je ne la dévoile pas. Grâce à ma notoriété et à tout ce fric, j'ai réussi à me payer un bel appartement, vue Océan. C'est à 26 ans que j'ai changé d'employeur. Fini le cartel, bonjour à la mafia. La mafia italienne. En fait, j'en sais rien et j'en ai rien à foutre. Tout ce que je sais, c'est qu'ils payent bien, ils m'ont même pris un loft à Las Vegas, en plein Downtown. Ils avaient besoin de moi pour convoyer de la marchandise dans le Nevada. La frontière est bien gardée et je suis l'un des seuls à en connaître toutes les failles. Du coup, je prospère en attendant qu'une opportunité encore meilleure s'offre à moi. Peut-être une femme, des enfants, un chien et un Renault Scénic ? Non, je déconne. Jamais d'la vie.