C’était aux heures les plus indues que l’artiste se sentait le plus à même de fonctionner. En général, les matins étaient un calvaire pour lui, parce qu’il fallait s’extirper de la chaleur et du confort de la couette et se battre pour obtenir une tasse de café. Alors que la nuit éclatait de milliers de possibilités toutes aussi tentantes les unes que les autres. Le rythme était différent et même la façon dont l’air semblait vibrer était transmuée. L’heure du crime, une appellation sacrément appropriée alors qu’il s’était mis à tambouriner à la porte de voisin. Slash, client. Slash, victime.

Si le jeune étudiant avait dû lui coller une heure à la peau pour le décrire il aurait choisi celle du loup. La perpétuelle transformation, quand l’air se tintait de rose et que le ciel s’assombrissait tout juste. En pleine transformation. Certes l’énergumène était intéressant en tant que tel. Il avait un caractère singulier qui s’il ne séduisait pas la majorité, avait toute l’affection de Desmond. Il était drôle, même si cela était parfois à ses dépens. Et il recelait ce rien de mystère qui allumait une flamme entre les reins du démon.

« Tu prends sûrement ton temps. » Le taquina le jeune homme d’entrée de jeu en s’infiltrant avec souplesse dans l’antre de l’animal. Tout sourire, il agita sous son nez un sachet bien rempli d’herbes. Dernière livraison qu’il avait reçue – testée et approuvée – sans montrer le moindre signe de complexes. Desmond n’était pas du genre à s’embarrasser de gêne devant les petits vices de tout un chacun. La vie était courte et il fallait en profiter. Un credo qu’il avait usé. Que trop.

« Ca mérite bien un petit bisous. » Grogna-t-il en chopant Mayson par le col pour le rapprocher de lui. « Tu crois pas ? » Minauda-t-il alors que ses lippes s’ourlaient d’un sourire carnassier, son visage dangereusement proche de son vis-à-vis. Desmond n’était pas un homme pétrit d’orgueil, il savait juste qu’il avait été doté de traits séduisants autant pour la gente masculine que féminine. Et il en jouait.

« Oh pizza ! » Scanda-t-il d’un coup en lâchant sa proie et en fondant sur son nouvel objectif. Avant même que Mayson ait pu réagir, il avait déjà mordu à pleines dents dans une part, se l’assurant ainsi. « Eh voisin ! La nuit est jeune, qu’est-ce que tu penses de l’idée de fumer un peu et d’aller s’aérer ensuite ? Ca peut pas être sain de se contenter de se masturber. Il faut que t’ailles coller ton machin dans la bouche de quelqu’un à un moment. Oh miam… des poivrons… »